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Le cheval Boulonnais
Le Boulonnais, surnommé le « pur-sang des chevaux de trait » ou le « colosse en marbre blanc », est une race de cheval de trait rapide dite « à sang froid », originaire des régions du Pas-de-Calais et de Picardie à côté de Boulogne sur la côte de la mer du Nord, en France. La légende en fait une race ancienne dont l'origine est marquée par l'influence d'étalons orientaux de passage, d'où sa grande ressemblance avec le cheval arabe. Cet animal de trait rapide convoyait des chargements de poisson frais entre Boulogne-sur-Mer et Paris jusqu'à l'arrivée du chemin de fer au XIXe. Avec la modernisation des transports, il fut reconverti dans les travaux d'agriculture de sa région natale et travaillait surtout dans les champs de betteraves, tirait des charrois, ou servait aux déplacements en ville. Il fut aussi, mais plus rarement, utilisé comme cheval de fond dans les mines, et au XXe siècle, utilisé par l'armée française en attelage. La modernisation des transports après la première guerre mondiale puis l'arrivée du tracteur après la seconde mirent la race en péril. Les bombardements des ports et l'occupation allemande de la dernière guerre lui firent subir de lourdes pertes. Les effectifs de la race furent en diminution régulière jusqu'en 1989, où des actions furent menées pour sa sauvegarde. Le boulonnais reste néanmoins, avec le poitevin mulassiers et l'Auxois, l'un des chevaux de trait français les plus menacés.
Les origines de la race boulonnaise sont anciennes, méconnues et marquées par une grande influence orientale. Selon la tradition populaire, la naissance de la race serait due au passage de la cavalerie de César près de Boulogne en 54 avant Jésus-Christ. Deux mille chevaux numides originaires de l'Afrique du Nord et appartenant à l'armée romaine seraient passés dans la région et des juments lourdes indigènes se seraient faites saillir par les étalons numides.
Une chose est sûre : les croisades ont permis des échanges de gènes, ainsi que la cavalerie de l'armée d'occupation espagnole, montée sur des chevaux arabes, barbes et espagnols.
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Gravure d'un cheval boulonnais en 1861 | Gravure d'un cheval boulonnais en 1848 |
Le boulonnais devint un cheval de trait populaire en France et même en Europe. La race fut mentionnée dans les chroniques du XVIIe siècle, à l'époque de la création de la foire aux poulains de Desvres, mais elle prit son nom au XVIIe siècle. Le coeur de l'élevage se situait dans le bas-Boulonnais, berceau de la race, en particulier à Marquise) où le sous-sol argileux et riche en phosphates aurait permis le développement de forts squelettes et d'animaux de grande taille. Le haut-Boulonnais est fait de plateaux crayeux perméables aux hivers rudes et des modèles plus légers, les mareyeurs, en sont issus. Le Calaisis produisait des chevaux d'une plus grande ampleur et la région de Rue, au Sud du Boulonnais, donnait des chevaux forts.
Les étalons Fréthun (né en 1949), Trésor (né en 1963), Astérix (né en 1966) et Prince (né en 1981), ont fortement marqué la race en entraînant aussi une certaine consanguinité. Le boulonnais est nommé « pur-sang des chevaux de trait » grâce à son allure, due aux 75% de sang arabe qui coulent dans ses veines. En 2008, les faibles effectifs en font une race en conservation génétique dépourvue de zone d'élevage à l'étranger, hormis la Belgique, la Hollande et, depuis peu, le Danemark.
Robe : | les robes grises sous toutes ses nuances jusqu’au noir font partie des caractéristiques de la race ; la robe est soyeuse. |
Tête : | tête distinguée, carrée mais élégante, rappelant celle du pur sang arabe ; une attache tête-encolure épaisse est sanctionnée ainsi qu’un chanfrein busqué ; le chanfrein est droit, les oreilles doivent être fines et mobiles, pointées vers l’avant ; les ganaches sont fortes et arrondies, le front large et plat, l'oeil vif et les naseaux bien ouverts. |
Encolure : | longue et bien orientée, légèrement rouée ; une encolure très rouée et épaisse (caractère mâle) sera pénalisée chez une jument ; la crinière est généralement double, touffue et pas très longue. |
Épaule : | parfaitement sortie et musclée, longue et oblique. |
Poitrail : | large et ouvert. |
Garrot : | bien sorti |
Dos: | large et tendu ; un dos trop droit (comme une barre) doit être pénalisé car il donne beaucoup de raideur au cheval, en particulier dans ses allures. |
Flancs : | courts, avec des côtes arrondies. |
Reins : | larges et courts |
Croupe : | longue et musclée. |
Queue : | fournie et attachée haut. |
Membre antérieur : |
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Membre postérieur : |
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C'est un cheval calme, fort, résistant, énergique, généreux et doux. Il reste vif du fait de son sang arabe. Il est harmonieux, élégant et a une très grande endurance.
Ses aplombs sont réguliers et ses allures actives et amples. Son trot est d'une grande aisance. De ses origines postières, le boulonnais a conservé des allures brillantes qui, a une période de débouchés croissants vers l’attelage, doivent être conservées, voire développées. Une attention particulière est donc portée aux allures. Le pas doit être souple, le cheval s’engageant (l’empreinte des postérieurs sur le sol étant en avant de celle des antérieurs). Le trot doit être actif, avec une bonne poussée des postérieurs et un bon équilibre.
Comme tous les autres cheval de trait français, le boulonnais n'a quasiment plus sa place à notre époque du fait de la mécanisation. Malgré ses effectifs, la race s'est dégradée constamment en raison de la consanguinité. La boucherie lui a permis de survivre et le Syndicat Hippique du Boulonnais (SHB), appuyé par le Haras national de Compiègne et l'espace naturel régional, s'occupe de son essor, bien qu'il reste actuellement l'un des plus menacés des chevaux de trait.
La race se divise en deux groupes :
Cette différence s'explique par l'utilisation qui était faite de ces chevaux. Les plus grands étaient utilisés à la charrue aux champs et les plus petits à l'attelage rapide, pour transporter les poissons frais de Boulogne-sur-Mer à Paris.
Le mareyeur, ou petit Boulonnais, mesure de 1,55 à 1,60 m au garrot pour un poids de 550 à 650 kg. Sa robe est souvent grise, dans toutes les nuances : du gris pommelé au presque blanc. C'est un cheval de trait léger, rapide et endurant.
Le grand Boulonnais mesure de 1,65 m à 1,75 m pour les mâles et de 1,60 m à 1,67 m pour les femelles, pour un poids de 650 à 900 kg, pouvant parfois dépasser la tonne.
L'immense majorité des chevaux Boulonnais est, de nos jours, de robe grise. Les poulains naissent toujours de robe alezane et certains vont ensuite évoluer vers le gris, comme c'est le cas pour toutes les races de cette couleur, à l'instar des Camargue. Avec l'âge, le gris tourne généralement au blanc nacré et légèrement bleuté. En 1778, on trouvait beaucoup de Boulonnais de robe noire et bai foncé. Une sélection fit qu'un siècle plus tard, le gris était en majorité et les robes foncées commençaient à disparaître. Cette particularité s'explique par le convoyage du poisson la nuit : les chevaux de robes claires étaient très appréciés car beaucoup plus visibles. Les robes plus sombres commencent à réapparaître aujourd'hui, peut-être sous l'impulsion des Japonais, importateurs de chevaux de trait, pour qui le blanc est couleur de deuil. Les haras nationaux ont agréé un étalon reproducteur de robe noire, Ésope, qui est longtemps resté le seul reproducteur de cette couleur en France, 12% des juments boulonnaises sont alezanes.
Depuis le Moyen Âge, amener le poisson frais des côtes dans les régions de Boulogne et des grandes villes était difficile. Des chevaux étaient attelés, seuls, en paires, à quatre voire à cinq, à des voitures à deux roues. Ils étaient menés par les chasse-marées. Ils transportaient en moins de 24 heures du poisson frais dans de grands paniers protégés par des algues. Ils devaient impérativement le conserver. Pour cela, le poisson était enveloppé dans la glace, ce qui alourdissait beaucoup la charge à tracter. Un attelage de quatre chevaux pouvait tirer jusqu'à 3,5 tonnes. Le chasse-marée devait relayer ses chevaux tous les 28 km mais les relais étaient souvent doublés.
Les mareyeurs assuraient entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, le transport du poisson entre le port de pêche de Boulogne-sur-Mer et les étals des poissonniers sur les marchés de Paris. Il fallait de solides chevaux capables de parcourir rapidement de longues distances sans fatigue. Surnommées « les mareyeuses », les juments boulonnaises étaient très appréciées pour ce travail jusqu'au milieu du XIXe siècle.
L'activité des chasse-marées a pris fin sur la route de Paris avec l'arrivée du chemin de fer au milieu du XIXe siècle.
Aujourd'hui encore, une marque au fer rouge en forme d'ancre marine est présente sur le côté gauche de l'encolure des chevaux boulonnais. Une course d'attelage annuelle nommée « route du Poisson » remet cette utilisation traditionnelle des chevaux de trait à l'honneur.
Il est grand et puissant du fait de son utilisation dans l'agriculture au XIXe siècle. Il travaillait surtout dans les champs de betteraves, tirait des charrois et servait aux déplacements en ville. Il pouvait tirer de lourdes charges comme tracter des machines agricoles et des grosses charrettes. Il fut aussi, mais plus rarement, utilisé comme cheval de fond dans les mines. Au XXe siècle, il est utilisé par l'armée française pour l'attelage.
Le boulonnais fut modifié avec d'autres races de chevaux au cours des siècles afin d'améliorer ses qualités physiques.
La modernisation des transports après la première guerre mondiale puis l'arrivée du tracteur après la seconde mirent la race en péril. Les bombardements des ports et l'occupation allemande de la dernière guerre lui firent subir de lourdes pertes. Seule la passion de quelques éleveurs a permis de sauver la race jusque dans les années 70. Les effectifs de la race étaient en diminution régulière jusqu'en 1989.
Les effectifs sont en augmentation par rapport à 1990 mais en baisse régulière ces dernières années.
En 2000 : 377 naissances, en 2003 : 325 naissances, en 2004 : 290 naissances, en 2007 : 233 naissances et 514 saillies (nombre de naissances encore non comptabilisée pour 2008)
On trouve des éleveurs de boulonnais dans les départements du Nord-Ouest, principalement Pas-de-Calais, Nord, Somme, Seine-Maritime et Oise. Les zones naturelles d'élevage du boulonnais sont le Pas-de-Calais, la Picardie et la Haute-Normandie. Quelques-uns l'élèvent en dehors de sa zone. Divers concours locaux et régionaux sont organisés pour en assurer la gestion professionnelle et la promotion. Voir ce cheval à l'étranger n'est pas facile car quand il passe la frontière de l'Europe, il est pris, parfois, pour un percheron. Certains demeurent en Belgique, Allemagne, Pays-Bas, Suisse et au Luxembourg. Depuis 2006, une quinzaine de chevaux boulonnais (dont trois étalons : Pequo, Salto et Nicias) ont été exportés vers le Danemark dans le but de créer un berceau d'élevage allogène dans ce pays.
En 2007, 95% des juments servent à la reproduction ou aux loisirs et 95% des mâles vont à la boucherie. Souvent élevé pour la viande (c'est le sort habituel des poulains mâles), le boulonnais est très apprécié pour l'attelage en raison de ses allures, de ses caractéristiques et de sa robe. Depuis 1990, une sélection rigoureuse a permis de lui donner un nouvel essor vers l'attelage, le sport, le loisir et l'activité agricole. Il peut être monté, mais par un bon cavalier car il est parfois difficile à maîtriser. Il n'est pas adapté au tourisme équestre, à l'initiation, ni à l'obstacle. C'est un excellent cheval de traction grâce à son poitrail large. Il peut travailler en attelage, aux longues rênes, monté mais rarement pour le débardage en forêt car un peu trop vif.
Depuis 1991, une course d'endurance de 24 heures est organisée tous les trois ans, début septembre, de Boulogne-sur-Mer à Paris : la « route du poisson ». La dernière a eu lieu en septembre 2009. La race boulonnaise a remporté cette route en 1991, 2001, 2003 et 2005.
C'est une race récente, issue du croisement entre un étalon pur-sang arabe et une jument de race boulonnaise. Il a été « créé » dans le but d'obtenir un cheval d'attelage vif et racé et de relancer la race boulonnaise. Si cet araboulonnais est une jument et qu'elle est saillie par un étalon boulonnais son produit reste araboulonnais. Si cet araboulonnais de deuxième génération est une femelle et qu'elle est saillie par un étalon boulonnais, ce produit de troisième génération pourra être éventuellement, après avis de la commission du Studbook, intégrée au studbook de la race boulonnaise, apportant ainsi un sang nouveau.
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