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Bernard Hinault

hinaultBernard Hinault (né le 14 novembre 1954 à Yffiniac, Côtes-d'Armor), est un ancien coureur cycliste français. Il est le troisième coureur à avoir remporté à cinq reprises le Tour de France, après Jacques Anquetil et Eddy Merckx. En huit participations, il y gagne 28 étapes. Il compte également à son palmarès, un titre de champion du monde, trois Tours d'Italie et deux Tours d'Espagne. Surnommé « le Blaireau », il a dominé le sport cycliste entre 1978 et 1986, remportant 216 victoires dont 144 hors critériums. Il est depuis sa cinquième victoire en 1985, le dernier coureur français à avoir remporté le Tour de France. Ayant débuté dans la vie active comme apprenti-ajusteur, Bernard Hinault épouse Martine à 20 ans. Il a deux fils (Mickael et Alexandre) et est le parrain de Christopher Anquetil, fils de Jacques Anquetil.

Sa première saison en 1975 est marquée par une victoire au Circuit de la Sarthe, un titre de champion de France de poursuite (il récidivera en 1976), une 7e place dans Paris-Nice, ou encore ses provocantes attaques au nez et à la barbe d'Eddy Merckx dans un critérium d'après-Tour. Mais, très rapidement, ses relations se tendent avec Jean Stablinski qui lui propose un programme de courses trop important pour son jeune âge. Séparé de ce dernier, il court ensuite dans l'équipe Renault-Gitane dirigée par un jeune coureur cycliste retraité des pelotons Cyrille Guimard (héros malheureux du Tour 72). Le duo, sans qu'il en ait conscience dans l'immédiat (même si Guimard a remarqué le potentiel de Hinault), va remporter la plupart des courses prestigieuses du calendrier international jusqu'en 1983. Après de beaux succès en France en 1976, notamment Paris-Camembert, Bernard Hinault gagne Gand-Wevelgem et Liège-Bastogne-Liège en 1977 devant les Belges et un Eddy Merckx vieillissant puis il remporte le Dauphiné libéré devant Bernard Thévenet, malgré une chute dans le ravin du col de Porte lors de l'étape menant à la Bastille. Il gagne également le premier de ses cinq Grand prix des Nations devant Joop Zoetemelk en fin de saison. Il ne fait pas le Tour de France cette année-là, Guimard le préservant pour l'avenir.

En 1978, il remporte le Tour d'Espagne et grimpe les cols du Tour de France avec son maillot de champion de France sur route conquis à Sarrebourg. Il s'empare de son premier maillot jaune en fin de Tour lors de l'étape contre la montre Metz-Nancy où il repousse Zoetemelk (alors premier au général depuis l'exclusion de Michel Pollentier) à 4'10". Comme Jacques Anquetil, Felice Gimondi et Eddy Merckx avant lui, Hinault gagne le Tour de France lors de sa première participation. Il n'a que 23 ans. Bernard Hinault est, avec Anquetil (en 1963), l'un des rares coureurs à avoir remporté la Vuelta et le Tour de France la même année. Jusqu'en 1982, à l'exception de Joop Zoetemelk, il ne rencontre que peu d'opposition dans la Grande Boucle. En plus du classement général, il remporte 7 étapes du Tour de France et le maillot vert en 1979, ou encore 5 étapes en 1981, reléguant son second Lucien Van Impe à près d'un quart d'heure. L'année suivante, son quatrième succès sur le Tour est conclu par une victoire au sprint sur les Champs Élysées. En 1980, alors qu'il se dirige vers une 3e victoire d'affilée, une tendinite au genou le contraint à l'abandon à Pau. Cette même année, il gagne son premier Tour d'Italie, notamment grâce à une échappée dans le col du Stelvio avec son coéquipier Jean-René Bernaudeau. Enfin, un mois après son retrait de la Grande Boucle sur blessure, il prend une éclatante revanche en devenant champion du monde devant son public à Sallanches. Il distance, lors du dernier tour de circuit, l'Italien Gianbattista Baronchelli dans la côte de Domancy. Dans les classiques, Bernard Hinault est l'auteur de quelques exploits. En 1980, il remporte Liège-Bastogne-Liège sous la neige avec près de 10 minutes d'avance sur Hennie Kuiper. Il gagne deux fois la Flèche Wallonne en 1979 (en devançant Giuseppe Saronni au sprint) puis en 1983. Il est vainqueur du Tour de Lombardie en 1979, après une échappée de 60 km sous la pluie en compagnie de l'Italien Silvano Contini.

Il remporte aussi l'Amstel Gold Race en 1981 et enfin Paris Roubaix la même année dans un sprint à six, et ce, malgré plusieurs chutes sur le parcours, dont une provoquée par un chien dans le secteur de Gruson. À l'arrivée, il déclara : « On ne m'enlèvera pas de l'idée que cette course, c'est une belle cochonnerie. » En 1982, outre le Grand prix des Nations, il remporte son deuxième Tour d'Italie et quatre étapes dont celle montagneuse du Monte Campione. Dans le Tour de France, il repousse son dauphin Joop Zoetemelk à 6'21" au général et est lauréat de trois contre-la-montre et de l'étape au sprint des Champs Elysées. Il devient ainsi, dix-huit ans après Jacques Anquetil, le second Français à réaliser le doublé Giro-Tour. Enfin, il remporte in extremis une seconde Vuelta en 1983, en accomplissant un exploit lors de l'étape montagneuse d'Avila. Il relègue l'Espagnol Julián Gorospe leader de l'épreuve à ce moment-là, à plus de 20 minutes.

Bernard Hinault est également connu par "ses coups de sang". Ainsi durant sa carrière, il se distingue des autres coureurs par son anticonformisme. En 1977, à la grande colère de Cyrille Guimard, il se fait remarquer en ne participant pas au Tour des Flandres alors qu'il est inscrit au départ de cette course. Dans le Tour 1978, il met pieds à terre avec Freddy Maertens, Pollentier et les autres coureurs à l'arrivée d'une étape à Valence d'Agen pour protester contre la fatigue des transferts et les courtes nuits des coureurs. En 1981, malgré sa victoire à Paris-Roubaix, il dit que cette course - pourtant mythique - "est une belle cochonnerie". Enfin, à Paris-Nice en 1984, alors qu'il est dans un groupe d'échappés, il est stoppé net par des grévistes. Bousculés violemment, il se fait justice lui-même en tapant du poing l'un des manifestants.